Bien que nous soyons en 2018 et que les mentalités changent de plus en plus à ce sujet, lorsqu’un couple se termine, c’est à peu près toute la société qui te fout (encore) dans une case: celle de l’échec amoureux. Et cette croyance, je l’ai moi-même longtemps portée. Cette peur de la séparation, d’être en “échec” familial et amoureux m’a collé à la peau pendant un certain temps, pour ne pas dire pendant un temps certain. Cela m’a, en outre, poussée à revoir mes propres valeurs ou limites, et ma vision du mariage ou du couple en règle générale. Pour de bonnes surprises parfois, mais avouons-le, parfois moins. Et cette croyance m’a entraînée, sans que je ne m’en rende vraiment compte, vers des situations que, certes, je ne regrette nullement et qui font partie de mon histoire, mais qui, je le sais avec le recul, ne me correspondaient pas vraiment.
Est-ce grave? Non, que du contraire! Cela m’a appris, m’a construit, j’ai vécu de jolies choses et tout cela a fait de moi celle que je suis. Mais pendant longtemps, je n’ai pas voulu ou osé me faire coller cette étiquette de la meuf qui divorce, qui a foiré son couple et sa vie de famille. Celle qui se fait larguer ou qui largue. Je ne voulais pas que l’on me mette dans la case de la ratée.
Et puis un jour j’ai démissionné de mon premier couple
Par choix, par amour, par désespoir, par obligation… Pour tout un tas d’autres raisons encore qui me sont propres et qui font, elles aussi, partie de moi à l’instant où j’ai posé ce choix. Et j’ai été la ratée, celle en échec amoureux, qui plus est avec le père de mes enfants, avec qui j’avais formé si longtemps une famille. Bref, la loose intergalactique.
Et bordel de merde, j’ai été un vrai exemple à ne pas suivre, la meuf à fuir! J’ai perdu mon job parce que j’étais “moins disponible au vu de ma séparation et ma condition”, j’ai perdu des amis qui ont eu peur d’attraper le divorce comme on attrape la grippe, j’ai été pour certains celle qui a échoué en tant que femme, mère, épouse, vu que je n’avais pas su garder mon mec… (oui même en choisissant moi-même de tout quitter) celle qui abandonne sa famille, j’en passe et des meilleures. Mais le pire, c’était que j’étais donc ce que je n’avais jamais voulu être: une mère séparée. Et nous le savons toutes, nous sommes nos pires juges.
Mais ce fameux divorce, cette séparation que j’avais tenté d’éviter par tous les moyens pour finalement me jeter moi-même dans la gueule du loup, faisait-il VRAIMENT de moi une personne en échec? C’est la question que je me suis posée il y a peu, presque deux ans après la bataille. Suis-je, et ce jusqu’à la fin des mondes, une personne en échec, parce que j’ai divorcé un jour? Parce qu’ai fait un choix concernant MA vie sentimentale (bien que ce choix ait, certes, modifié le monde de ma famille et de mes enfants).
Alors j’ai analysé ma vie
Et oui, en effet, j’ai divorcé. J’ai mis un terme à un couple et à un style de vie qui ne me correspondait plus. C’est un fait. Un acte (presque) réfléchi et assumé chaque jour. Pour le reste, que se passe-t-il d’autre dans ma vie qui pourrait dire que je suis une femmz en échec? J’ai perdu mon job que j’aimais moyennement et j’ai retrouvé peu de temps après un autre travail, mais pas n’importe lequel non, celui dont je rêvais depuis longtemps et qui me fait vibrer chaque jour. Je m’occupe de mes enfants lorsqu’ils sont chez moi, et je gère certains aspects de leur vie quand ils ne sont pas là. je suis une mère aimante. Pas parfaite, mais présente et aimante. Je les aide dans leurs devoirs, je remplis leur frigo, je fais en sorte qu’ils ne manquent de rien.
Pour le reste, je paie mes factures chaque mois, je me remets en question lorsque certaines difficultés pour éviter que cela arrive encore, j’assume mon sale caractère, je reconnais (parfois) mes erreurs, j’ai quelques bons amis qui m’aiment et que j’aime, je vais voter quand on me le demande, je campe sur mes positions sans non plus les imposer à tout prix aux autres ( enfin si, un peu, j’avoue….), je n’ai jamais tué personne ( non, non, j’te jure… même si l’idée d’appliquer le proverbe “un bon coup de pelle et un trou dans le jardin” m’a parfois effleuré l’esprit), je fais en sorte de reconstruire chaque jour une famille dans laquelle chaque membre ait de l’amour et sa place, je n’ai aucune dette nulle part ( enfin en vrai, j’attends parfois le rappel de ma facture téléphone pour la payer), un toit sur la tête, je ne me gare pas sur les places de parking handicapées. J’ai des projets, une tonne, et même si je sais que je n’en concrétiserai pas la moitié, j’aime les imaginer. Bref, j’ai la vie normale d’une femme normale.
Et donc, si mon divorce à, certes, un jour changé la face de mon monde et de celle de mes enfants, cela n’a pas fait de moi une personne (si) différente qu’avant, à l’intérieur. Je ne suis pas meilleure, mais pas pire non plus. je ne suis pas plus capable d’exercer certaines choses, pas moins non plus. Et, finalement, malgré mes croyances et mes peurs, jamais ce morceau de ma vie n’a défini qui je suis. C’est une partie de moi,du patchwork qui me constitue, mais ce n’est pas moi en totalité. Et bien que cette expérience m’ait marqué au fer rouge, ce n’est pas cela qui me fait me lever ou pas le matin, ni qui dicte ma vie. Je ne suis donc pas plus ou moins en échec qu’avant.
Mais pourquoi tu nous fais ton laïus au juste?
Si je vous dit tout ça, c’est parce que je reçois chaque jour ou presque des messages d’adorables mamans en pleine séparation, qui doutent d’elles et de leur avenir, qui se sentent nulles et carrément en échec parce qu’elles divorcent, par choix ou par obligation. Et à chacune de ces femmes, je leur réponds que oui, c’est très difficile, oui la vie est changée à jamais, mais non, ce n’est pas un échec, c’est ni plus ni moins qu’une épreuve de la vie. Et ce qui nous définit ne sont pas les épreuves que nous vivons, quelles qu’elles soient, mais la capacité que nous avons à rebondir et à nous reconstruire. Alors le divorce sera un échec que si toi-même tu crois que s’en est un.
Ps: Il est important de préciser que je ne fais nullement, et que je n’ai jamais fait l’apologie de la séparation ( je te vois, toi dans le fond) . Mon but est, comme dans tous mes billets perso, de pousser les femmes (et les hommes s’ils me lisent), à trouver le bonheur dans chaque situation, à se construire encore et encore quoi qu’il puisse arriver dans la vie. Donc l’apologie du divorce non, mais du bonheur et des choix de vie, oui! cœur sur vous!

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Merci ! Cet article vient de me mettre un bon coup de pied au cul ! Maman séparée depuis bientôt 4 ans, je vis encore des périodes difficiles, mais je sais que ces périodes sont éphémères et en te lisant, tu le confirmes et tu me donnes encore plus l envie de croire enfin à un bonheur futur…..
Je suis séparée depuis bientôt 4 ans . Je n’ai pas refais ma vie, et bcp de personnes autour de moi pense que je suis en échec !! Ma vie à changée, certe , depuis 4 ans . Mais je me sent tellement mieux . C »est parfois dur, mais je ne regrette en aucun cas ma séparation ☺
Les gens pensent ce qu’ils veulent de ma situation . Moi je sais que je m’en porte bien mieux et mon fils aussi . Je ne serai pas contre de refaire ma vie bien sûr,mais differement ☺
Merci pr ce post .. ça rebouste ..
Coucou,
Je te suis depuis un bout de temps… et je peux te dire que certains de tes posts avant ou après ta séparation m’ont bien aidé dans mes réflexions lors de situations complexes… d’ailleurs la toute dernière en date de situation complexe est ma séparation avec le papa de mes 2 enfants… je suis dans le début et je morfle pas mal… et là bim ce post… qui vient à nouveau m’aider dans mes réflexions ! Bref … merci de partager avec nous tes idées, ressentis, vécus de la vie de maman de tous les jours !
Merci à toi !!
Alleluia…rooo la vache que ça fait du bien !
Je suis passée par là il y a quelques années et j’ai été à la fois celle qu’il ne faut plus approcher au risque d’avoir les mêmes effets crise de la quarantaine en avance !….Et à la fois celle qui fait envie a tous celles et ceux n’ayant pas le courage ni la sincérité de tout plaquer pour s’épanouir, de croire en soi et en la vie et de tout risquer pour se retrouver SOI !!
Alors oui ce n’est ni facile ni simple…mais tellement bon de se sentir vivre ou revivre et de reconstruire sa vie, son espace et de profiter de chaque instant la tête haute et avec la fierté d’avoir su s’écouter.
Même si le prix a payer à été d’avoir été montrer du doigt, d’avoir perdu pas mal d’amis même les plus proches (enfin c’est ce qu’on croyait avant !).
Mais souvent juste par ce qu’eux préfèrent rester dans le politiquement correct quitte à en être blasé ou faussement épanoui pour donner le change !
La vie c’est pas ça…c’est juste se respecter, se remettre en question et avancer…entraîner notre marmaille dans cette vérité et la franchise de prioriser le sourire et la sérénité intérieure, le bien être Et leur prouver qu’on reste toujours acteur de sa vie…a condition de le vouloir et de croire en SOI 😁😉😄
Merci !!
Merci, juste MERCI ! C’est ÉNORME de justesse, de réalisme, de vécu…. mais aussi (pour les heureuses ou moins heureuses « non-séparées » qui vous lisent), une belle claque dans l’inebranlable forteresse de leurs principes guindés et de leurs certitudes rigides derrière laquelle elles se cachent…. MErciiii, you made my day !
(avertissement: je ne vous connais, le commentaire que je fais ci-dessous sur le divorce est général, et il se peut très bien qu’il soit démenti par des détails de votre cas particulier; je m’en excuse par avance)
Madame, vous n’êtes pas une « ratée », certainement pas, comme aucune personne ayant subi une séparation n’est un(e) « raté(e) ». Et aucune séparation, aussi dure soit-elle, ne signe la fin d’une vie réussie ou ne définit l’identité de celle (celui) qui la subit.
Pour autant je ne me résous pas au titre de votre billet. Car pour soigner un mal il faut le nommer convenablement. Le divorce est un échec. Un échec par rapport à l’engagement initial.
Imagineriez-vous un engagement limité dans le temps ?
« Monsieur X, consentez-vous à prendre pour épouse Mademoiselle Y… aussi longtemps que possible ? »
Mais qui désirerait s’engager dans une aventure aussi désespérante? L’amour n’a de sens que s’il est donné sans le limiter ab initio.
La séparation est aussi un déchirement pour les enfants. Qui culpabilisent bien souvent. Qui n’en retirent rien de bon quoiqu’on en dise – évidemment assister à des disputes incessantes n’apporte rien de bon, mais quand on en est là il est souvent trop tard.
C’est une illusion que de croire que le rebond sera plus facile en niant l’échec ou le maquillant en événement banal.
On n’apprend de ses échecs qu’à condition de regarder le problème en face.
Et je le répète car c’est essentiel: un échec subi, même s’il nous affecte profondément, ne définit pas notre identité.
Humainement il est évident que plus on s’est donné, plus le divorce est difficile à vivre. Pourtant il n’y a pas lieu de se culpabiliser de s’être donné à fond pour ce en quoi on croyait.
Il y a en revanche, à l’échelle collective càd au-delà de l’expérience personnelle que vous relatez ici, à ré-envisager la préparation à la vie en couple. A l’heure de la cohabitation facile et du divorce majoritaire, c’est l’étape de la préparation au mariage qui est très souvent escamotée ou biaisée… On étudie durant des années pour apprendre un métier… mais la vie à deux serait une chose innée et sans besoin de préparation?
C’est là en grande partie que se trouve la source des lendemains qui déchantent. Voilà ce qu’on peut, me semble-t-il, retirer de positif d’un échec bien compris: mieux se préparer à unir nos vies.
CORRECTION “c’est l’étape de la préparation au mariage… ou la vie en couple qui est très souvent… “
Ben, je suis totament d accord. C est un echec sur l engagement initial. Cela dit, quand il y a mensonge, trahison, tromperies ou autres coups de couteau dans l engagement initial, le divorce n est pas un echec selon moi. L echec est d avoir fait des actes qui mettent en echec l engagement. Mais plus largement, et sans le banaliser, je pense qu il est reducteur de limiter la reussite d une personne et de ses enfants au fait du divorce. Nous sommes un patchwork de choses et d actes qui nous definissent. Merci pour ce joli commentaires en tout cas!
Bonjour
Je viens de découvrir votre texte, votre blog … Et vos idées. Et j’aime bien ce que j’y trouve.
Le divorce est-il un échec? En soi, oui car c’est quand-même un aveu ou un constat d’échec par rapport à l’engagement qui avait été fait. Dans mon cas, c’était il y a 12 ans. Cet engagement, Je le voyais comme un projet de vie et il y a trois semaines on a fait ce constat: ça ne va plus, on ne continue pas. Ça c’est l’échec.
Maintenant est-ce que cet échec doit guider notre vie après? Non, il n’y a pas de raison. On peut en tirer quelques leçons, on arrange ce qui doit l’être, on se quitte bons amis et chacun reprend sa route de son côté.
Est-ce que ça nous met dans une case pour autant? Non, il n’y a pas de raison. En tout cas, si les gens nous mettent dans des cases, c’est leur problème, pas le mien. C’est mon divorce. Pas le leur. Et ça ne les regarde pas. Je construit ma vie comme je l’entends et je n’ai de compte à rendre à personne.
Est-ce que ce divorce doit alors être vu comme un échec? Ça dépend de la définition et de la perception qu’on a de l’échec. Pour moi, c’est une transition entre un avant et un après.
Avant, c’est du passé et ce n’est donc plus qu’une donnée.
Après, c’est vers quoi je vais et c’est donc un objectif.
…
Je trouvais amusant de tomber justement maintenant sur votre texte. Justement à ce moment où je dois expliquer autour de moi que ce n’est pas une mauvaise chose mais un choix logique. Je vois autour de nous beaucoup de gens qui prennent l’annonce de notre divorce comme une catastrophe, un échec, et qui veulent absolument trouver un coupable ou une faute pour justifier ce qu’ils prennent pour un échec.
Mais il n’y en a pas: pas de faute, pas de coupable… juste la fin d’une histoire.
Et le début de deux autres…